Mons: dernières photos aux pieds du Passenger d'Arne Quinze

RTBF

Par Charlotte Legrand

 

Les travaux doivent débuter ce lundi. Rue de Nimy, des touristes et des Montois se pressent ce dimanche pour immortaliser une dernière fois l’installation.

 

Yvan était présent dès les premiers instants du Passenger. "Mais je n’assisterai pas à son démontage", précise le Montois. Il habite à deux pas, rue Verte, et se souvient très bien des différents épisodes. Le montage. Puis l’écroulement partiel du "Mikado" ce fameux 24 décembre 2014. Puis rebelote : des craquements inquiétants. Et enfin un remontage en janvier 2015. Quelle saga, ce Passenger ! "Mais il fait partie du paysage, maintenant, il occupe l’espace".

 

A l’idée de le voir disparaître, il en a presque la larme à l’œil. "Ça va me manquer, je n’ai pas peur de le dire". Marie vit juste à côté du Passenger. "Je prends une dernière photo avant les travaux. Cette sculpture, elle fait partie de mon quotidien. Tous les jours, je la vois, je passe en-dessous. Elle ne fait pas l’unanimité, mais je serai triste de la voir disparaître. Moi j'aime bien. Et elle fait parler de Mons, elle attire du monde. Tous les jours, je vois des gens la prendre en photo, beaucoup de touristes !"

 

Nous en croisons quelques-uns, ce matin. Ce couple, de Ciney, passe le week-end dans la cité du Doudou. "C’est un hasard complet, mais figurez-vous que nous étions là juste au moment où on a monté la sculpture. Et nous sommes à nouveau présents à Mons cinq ans plus tard, à quelques heures du démontage. C’est l’anniversaire de ma femme, nous ne venions pas pour cela".

Passionné de photographie, le Cinacien mitraille le Passenger. Il aura comme ça deux photos, en vis-à-vis dans son album. "Mais je vais être honnête : ce n’est pas le style d’art que j’apprécie. Je ne vois pas l’intérêt. Je trouve que c'est même un peu du gaspillage de nos deniers. Mais l'art...chacun ses goûts!".

 

 

Même son de cloche auprès d’un Montois, venu faire une course en centre-ville. "Dans le contexte socio-économique que nous connaissons, franchement… Ça doit disparaître ! Et j’aimerais que tout ce bois, qui est de qualité, soit offert à des gens qui en ont besoin, des associations ! C'est du bon bois! " Ce souhait ne sera pas exaucé. Philippe Degeneffe nous le confirme. Le directeur de Mars (Mons Arts de la Scène) a encore eu Arne Quinze au téléphone ce matin. "Le bois va être recyclé, de même que les très nombreuses vis présentes dans la sculpture. C’est la décision de l’artiste. Un moment il avait été question que l’on donne ce bois, ou qu’on le vende à des gens qui souhaitaient en conserver un souvenir, des collectionneurs notamment… Mais non. Il tient à le recycler". L’artiste courtraisien sera-t-il présent pour les derniers instants de son œuvre ? "Non, il préfère ne pas être sur place. Il m’a dit que ça lui faisait du mal d’assister aux travaux de démontage. Ces derniers jours il paraît qu’il reçoit des centaines de messages, de Montois et d’autres personnes, à propos du Passenger".

 

Sur son compte Instagram, Arne Quinze a battu le rappel, invitant ses fans à faire un crochet par Mons ce week-end. "Oui j’ai vu sa publication !", confirme Els, une Anversoise. "J’aime ce qu’il fait, alors je me suis dit 'je vais aller à Mons ce dimanche'". Sur les marches du palais de Justice, elle croise deux autres Flamandes, des copines. Alertées via Instagram, elles aussi. "Nous sommes arrivées hier", précise Jill, "c'est notre dernière chance!". Dans un petit carnet, cette "Bekende Vlaming" (elle a longtemps présenté la météo sur VTM) réalise un croquis du Passenger.  "C'est très inspirant, et les dimensions de cette installation sont vraiment impressionnantes! (Ndlr: 80 mètres de large, 16 mètres de haut) D'un côté, je comprends qu’on doive la démonter. Mais… Ça va manquer je pense !" Comme Els, elle regrette de ne pas pouvoir passer juste en-dessous, à cause des barrières qui ceinturent l’œuvre. "C'est un peu dommage, c'est difficile de voir correctement, à cause des bâches. C'est pour ça que je suis montée sur ces escaliers, plus en hauteur"

Dès ce lundi, les opérations de démontage débutent. Une grue est déjà sur place. 35.000 mètres de planche doivent être récupérés.

11.4.2021