Ces oeuvres constituent le principal de l’exposition qui comprend également, et c’est beaucoup plus rare, quelques dessins et collages des années septante et quatrevingt. Il y multiplie et associe les figures, y joint l’écriture et la photographie (portraits) dans des compositions libres mais toujours très structurées. Dans un de ces dessins, Tra Sé e Sé (Fogli e Carte Arrivate fin qui…), il joue littéralement sur les mots, sur la répétition, sur le “e” qui relie, et tire une ligne tenue entre deux mains, l’une en haut, l’autre en bas de la feuille, exploitant ainsi la notion de double (Alighiero “e” Boetti),mains entre lesquelles il positionne diverses scènes.
C’est suite à son premier voyage en Afghanistan en 1971 qu’il décide de faire exécuter par des femmes tisserands, selon les méthodes traditionnelles, ses séries de tableaux de phrases, divisés en carrés et répondant à des règles arithmétiques. Il poursuivra cette pratique de broderie sur toile en réalisant de grandes cartes du monde (Mappa) dans lesquelles les frontières sont mouvantes et où il place régulièrement la virgule comme signe de ponctuation qui sépare les espaces, le vide, et semble redéfinir constamment la réalité géographique. Dans son oeuvre, la part artisanale s’associe à celle conceptuelle dans laquelle s’imbriquent des interventions ludiques et poétiques.
Tisser le monde
Arts Libre
Claude Laurent for La Libre
Membre éphémère du mouvement de l’Arte Povera (Germano Celant), Boetti (Italie,1940 – 1994) qui deviendra Alighiero e Boetti pour insister sur la notion de double à laquelle il recourt fréquemment dans ses oeuvres, est surtout connu pour ses cartes et ses toiles brodées.
16.12.2016