Dès le premier abord, Manuel Mathieu se dévoile le genre de gars très « down to earth », comme on dit dans le monde anglophone. Et pourtant l’homme d’à peine 32 ans a de quoi se targuer. Il revient d’une exposition en Chine organisée par un propriétaire de galerie français. Il l’a baptisé « Wuji » en référence à une philosophie développée en Chine. « C’est étonnant, dit Manuel, à l’école à Londres j’ai eu un pote qui s’appelait ainsi. » La connexion avec les visiteurs est telle que l’artiste en vient à faire un distinguo entre la façon d’apprécier l’art des Chinois et des Occidentaux. « En Occident, cela procède du cognitif, là-bas on est comme dans une immersion spirituelle », explique-t-il.
Manuel en est venu à l’art au contact des collections que chérissait sa mère. Tel qu’il l’explique, c’est une femme qui a un goût pour le beau. Ça va du mobilier à la peinture. C’est ainsi que le fils a pris goût à ce champ qu’il admire pour la grande liberté qu’il offre. « Je ne pensais pas au gain quand je me retrouvais en pleine implosion artistique. Je cherchais plutôt à faire quelque chose qui corresponde à mes aspirations », fait remarquer le peintre.
Sur la nature de son travail il ne veut, pour l’heure, en dire quoi que ce soit. Manuel avance qu’il n’est qu’au début d’un processus pour en tirer un quelconque bilan. Toutefois, l'artiste considère sa peinture comme une façon de faire part de ce qui le traverse. Il confie s’être enrichi de ce que toutes ses rencontres lui ont apporté.
Manuel, avec plus de dix ans de pratique à son actif, pense à faire connaître son travail au-delà du monde sélect des férus de l’art. De là l’idée d’une série de livres exposant ses œuvres. Le tout premier, intitulé à juste titre « Manuel Mathieu I », est remarquable par sa couverture bleue. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, la galerie Maruiani Mercier de Bruxelles conçoit un joli catalogue qui revient sur une exposition de sa collection « The spell on you ».
Le peintre Manuel Mathieu nous invite donc à faire l’acquisition des deux ouvrages à La Pléiade et d’autres librairies ayant pignon sur rue dans le pays. Il y a aussi des exemplaires au Centre d’art. À nos lecteurs, aux curieux de toutes sortes et amateurs d’art, il dit que ces ouvrages sont une façon pour lui de les remercier, car c’est en partie grâce à nous autres d’Haïti qu’il a pu lancer sa carrière.