Rencontre avec Mathieu Mercier, sur son aire de jeu au havre

Mowwgli
Marie-Elisabeth de la Fresnaye pour Mowwgli 
 

Le Portique, centre d’art contemporain du Havre, a réouvert en 2017 triplant sa superficie et offrant une nouvelle vitrine en prise avec le territoire et le public. Agissant comme un véritable laboratoire de formes et d’idées il donne carte blanche à Mathieu Mercier qui renoue avec ses origines familiales et déploie dans tout l’espace du site une vaste aire de jeu où le regardeur oscille entre surprises et reconnaissances, concepts et affects, matériaux et perception.

 

« Je manipule des objets pour coller à mes idées qui sont abstraites ».

Marie de la Fresnaye : A quand remonte votre 1er contact avec l’art ?

Mathieu Mercier : J’ai commencé par la photographie à l’âge de 16 ans par le biais d’un oncle qui m’avait passé le virus et à l’école.

N’ayant aucun lien avec les techniques de l’art en général, la photographie me semblait le moyen le plus simple pour aborder l’image. C’était facile d’avoir un appareil et de faire développer l’argentique à l’époque. Très vite j’ai voulu intégrer une école d’art plutôt par défaut essayant depuis longtemps de fuir le système universitaireJe suis arrivé aux Beaux Arts avec l’idée romantique de rébellion contre la société or très vite je me suis aperçu que c’était une erreur d’appréciation et de jugement.

 

L’une des contradictions des écoles d’art est de prendre l’artiste comme modèle tout en sachant très bien qu’il n’y a que peu d’élus donc je ne pensais pas vraiment être artiste au début. Par contre on est très conscient en sortant que tous les métiers liés à l’image sont possibles. J’imaginais donc quelque chose de plus pragmatique lié au design, graphisme.

 

En fait j’ai tout découvert aux Beaux Arts connaissant Magritte probablement pour les mauvaises raisons à l’adolescence et rien d’autre.

J’ai eu cette chance de rentrer dans une école nationale (ENSA Bourges) où tout était ouvert et non cloisonné à un atelier comme à Paris où j’ai été refusé. J’aurais pu faire les mauvais choix au début alors que là j’ai pris de face toute l’histoire de l’art du XXème, dégagé de nombreux problèmes matériels et responsabilités que je peux avoir aujourd’hui.

 

Nous étions un groupe d’étudiants très motivés qui s’est constitué sur plusieurs années avec Saadane Afif,  Pierre Malphettes, Sammy Engramer, Laure Tixier, Rainier Lericolais, aujourd’hui reconnus, ce qui a créé une dynamique remarquée par nos professeurs à l’époque. Le contexte était différent, internet n’existait pas, ce qui impliquait un vrai partage des informations entre nous.

 

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7.3.2018