"My Secret Garden" au BAM : visite guidée avec Arne Quinze pour sa première rétrospective

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Xavier Ess pour RTBF

 

Si pour vous Arne Quinze c'est l'installation urbaine de bois rouge fluo The Passenger, installée (puis réinstallée) lors de Mons 2015, votre visite au BAM s'impose. " My Secret Garden " est la première rétrospective de l'artiste en Belgique. On y découvre un foisonnement de maquettes, de sculptures, de peintures. Et une unique source d'inspiration : la nature. Arne Quinze nous fait la visite...

 

C’est un homme passionné et loquace, avec un vrai désir de faire passer son message, qui accueille la presse. Un message simple qui sera répété tout au long de la visite : Arne Quinze veut apporter de la beauté et réconcilier la ville avec la nature. Ce monde végétal qui est la source de son travail depuis 25 ans. 

 

My Secret Garden est une exposition chronologique qui débute avec le thème de l’habitat en ville, vue par l’artiste comme un enfermement entre quatre murs. Maternité, école, travail, cercueil : autant de boîtes qui rythment notre vie, dit-il. Enfant de la campagne, le petit Arne a 6 ans lorsqu’il quitte son village près de Dixmude pour Bruxelles. Un traumatisme. Une première installation, de la série The Breeding Life, montre une maison emplie de baguettes de bois et de végétaux qui tentent de s'en échapper. C'est presque un autoportrait nous dit le plasticien "comme une vague en mouvement pleine d'énergie qui ne demande qu'à s'échapper".

 

Quinze tient à montrer le cheminement de sa pensée et les différentes étapes de travail. Les murs d’une salle entière, intitulée Les Fleurs du désir, sont couverts de 800 esquisses de fleurs, de tiges, de plantes sauvages… autant de formes et de mouvements qui seront les sources des sculptures monumentales dont on découvrira les maquettes plus loin dans l’expo, dans une reconstitution de son atelier. Pour Arne Quinze, la beauté de la nature est totale, même dans les fleurs fanées qu’il peint après la mort de son père. Et d’expliciter le terme japonais "mono no aware" : la beauté dans la décadence.

 

Embellir les villes du monde entier

Citoyen du monde, Arne Quinze veut découvrir la diversité des paysages terrestres et rencontrer celles et ceux qui les occupent. Il voyage au Brésil, aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, va à la rencontre des esquimaux et des Améridiens. Il installe son studio à Shanghaïpendant 12 années. Il veut comprendre la planète et sa diversité. Y constater les dégâts et " tenter d’y changer quelque chose " dit-il avec une sincérité qui touche à la naïveté.

 

La salle des maquettes

Pas moins de 50 maquettes de projets de sculptures monumentales organiques réalisées aux quatre coins du monde ou en projet sont installées dans l’atelier – le studio - d’Arne Quinze reconstitué pour l’expo. Le travail de 25 années, avec des installations éphémères comme celle de Mons 2015 mais surtout des réalisations pérennes. On voyage d'Ostende (les cubes d'acier défoncés sur la digue) à Mumbai, de Rio à Beyrouth, au gré de formes toujours organiques mais qui passent de l’angle à l’arrondi, du bois à l’acier et atteignent des hauteurs vertigineuses de 25 mètres. Des photos et video impressionnantes montrent l'installation des oeuvres.

 

L’entreprise Arne Quinze

Le plasticien explique développer une quinzaine de projets internationaux en parallèle. Chacun met plusieurs années pour aboutir. Il y a le repérage du lieu, la conception de la maquette, les accords avec les autorités, la production, le transport, l’installation. C'est toute une équipe qui travaille sur les projets. Son utopie est de construire les villes avec la même diversité que celle de la nature. "Une réconciliation pour vivre en harmonie". On a compris la conscience écologique d’Arne Quinze, mais , même si ses installations éphémères sont recyclées, on peut s’interroger sur l’empreinte écologique que génère la production et les voyages pour faire tourner la machine.

 

De la ville à la nature : Arne Quinze, un homme apaisé

L’artiste fête ses 50 ans cette année et aujourd’hui, il se sent " libéré de cette boîte, de nos propres frontières ". Chercher la ville idéale, en sortir et revenir à la nature, c’est un parcours de 30 ans. De grands tableaux inspirés de son jardin, influencés par l'expressionnisme abstrait, de même qu'un hommage à Monet... et son jardin, complètent l'exposition. 

My Secret Garden, le titre de cette rétrospective, fait référence très concrètement au jardin d’Arne Quinze, qu’il cultive comme laboratoire de recherche, sans doute en pensant au Candide de Voltaire. En effet, il faut cultiver son jardin, il faut entretenir son bonheur.  

 

Pour Arne Quinze, l'art doit être dans la rue, à l'air libre, hors des musées. Dans le jardin du BAM, il a conçu un tableau végétal en y plantant 5000 bulbes de fleurs. Une oeuvre sans fin, sans cesse renouvelée. Trois sculptures en métal coloré seront également installées sur la Grand-Place de Mons le temps de l'exposition. 

 

En pratique : 

My Secret Garden – Arne Quinze

BAM - 29.05 au 29.08.2021 

Rue Neuve, 8 – 7000 Mons

Réservation obligatoire  sur visitmons.be

3.6.2021